Trân Van On, né en 1948, résidant au hameau Binh An, commune Vinh Huu, district Go Công Tây, province Tiên Giang (au Sud du Vietnam), est une personne assez "spéciale" durant la guerre de résistance contre les Américains, pour la libération du Sud et la réunification du pays.

En effet, il a été l'adjoint du commandant de l'escadron 550 de l'armée de l'air du régime de Saïgon. Cependant, il s'est rendu volontairement aux forces de libération et a apporté un soutien efficace à la révolution vietnamienne pour libérer le Sud et réunifier le pays.

Après sa reddition, Trân Van On a été réquisitionné par la révolution et est devenu membre de l'escadrille Quyêt Thang (Détermination à vaincre) qui a bombardé l'aéroport de Tân Son Nhât.

La guerre terminée, il s’est vu décerner l'Ordre de la Victoire de la Libération de première classe. Cependant, cette décoration s’est égarée et ne lui a été remise en main propre que 33 ans plus tard.

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Trong những ngày đất nước chuẩn bị Kỷ niệm 50 năm Ngày giải phóng miền nam, thống nhất đất nước (30/4/1975-30/4/2025), chúng tôi có dịp gặp và trao đổi với ông Trần Văn On. Một nhân vật bị Durant les jours où le Vietnam se préparait à célébrer le 50e anniversaire de la libération du Sud et de la réunification du pays (30 avril 1975 - 30 avril 2025), nous avons eu l'occasion de rencontrer et de nous entretenir avec Trân Van On, un personnage " coincé " entre deux régimes et membre important de l'escadrille Quyêt Thang qui a bombardé l'aéroport de Tân Son Nhât.

Prenant une gorgée de thé, Trân Van On a raconté l'histoire de sa vie : « En 1968, le gouvernement de Saïgon a ordonné la mobilisation générale. À cette époque, tous les jeunes hommes de mon village en particulier et de la région en général, âgés de 18 à 20 ans, devaient s’enrôler dans l’armée. Nous n'avions pas d'autre choix. Vivant dans une zone occupée par l'ancien régime, nous devions le suivre. »

À cette époque, On avait obtenu son diplôme de fin d'études secondaires, un cas « rare » dans la région, et l'ancien régime avait donc choisi de l'envoyer aux États-Unis pour suivre une formation de pilote. Peu de temps après, il fut renvoyé au Vietnam pour travailler sous l’ancien régime.

Le 27 janvier 1973, l'Accord de Paris mettant fin à la guerre et rétablissant la paix au Vietnam a été signé. À cette époque, les États-Unis ont retiré leur aide et ont quitté le Vietnam en masse. Il a également personnellement commenté que la guerre était sur le point de se terminer. Ses amis de l’ancien régime ont tous été évacués vers les États-Unis, mais il a refusé d’y aller. Parce que, personnellement, il pensait qu’il devait encore quelque chose à sa patrie. Sa famille et ses enfants étaient encore sur cette terre, alors il s'est rendu à l'armée, a participé à la réforme et a attendu l'occasion d'apporter ses connaissances et son expérience de vol qu'il avait apprises des États-Unis pour aider la révolution à libérer la nation et à unifier le pays.

Il attendait juste que la guerre se termine

Vers la fin du mois de mars 1975, l'Armée de libération du Vietnam captura de nombreux A-37 américains mais ne savait pas comment les utiliser. Il s'agissaitt d'un avion biplace utilisé pour le bombardement. À cette époque, l'Armée de libération avait pour politique d'utiliser des avions ennemis pour attaquer l'ennemi, dans le but de créer une surprise dans la campagne historique de Hô Chi Minh, de libération du Sud et d'unification du pays.

À cette époque, compte tenu de son bon passé, de nombreux membres de sa famille avaient participé à la révolution et avaient de l'expérience dans le pilotage d'avions A-37. L'Armée de libération l'a choisi pour leur apprendre à utiliser et à contrôler ces avions.

Après quelques jours d’instruction aux techniques de vol de base, certains pilotes de l’armée de libération ont pu prendre seuls les commandes de l’avion.

L’escadrille « Quyêt Thang » (Déterminé à vaincre) décolle pour accomplir sa tâche. Photo d’archives.

L’escadrille « Quyêt Thang » (Déterminé à vaincre) décolle pour accomplir sa tâche. Photo d’archives.

Dans la nuit du 27 avril 1975, peu avant l’heure du décollage, le colonel Lê Van Tri, commandant en chef des Forces de défense aérienne et de l’Armée de l’air, appelle les membres de l’escadrille « Quyêt Thang » sur le tarmac et souligne : « Ne frappez pas la zone aéroportuaire, n’attaquez pas le camp Davis où se trouve notre délégation militaire, n’endommagez pas les pistes, et surtout, qu’aucune bombe ne tombe sur les quartiers résidentiels de Saïgon. Le but est de laisser à l’ennemi une voie de retraite. C’est la manière humaine d’agir de notre armée ». 

L’escadron a fidèlement exécuté l’ordre du Président Hô Chi Minh : « Combattre pour chasser les Américains, combattre pour faire s'effondrer les marionnettes », c’est-à-dire ne pas anéantir, mais permettre à l’ennemi de se retirer tout en minimisant totalement les pertes humaines.

Trân Van On raconte : « Le plan de combat pour cette opération avait été élaboré de manière très détaillée. Après le décollage, l’escadron « Quyêt Thang » a suivi un itinéraire allant de l’aéroport de Thành Son en passant par Phan Thiêt, puis Hàm Tân, jusqu’à l’aéroport de Tân Son Nhât. L’altitude de vol était maintenue à 400 m. Pour garder le secret, aucune communication radio n’était utilisée pendant le trajet, seuls des signaux codés étaient autorisés ».

L'ordre de vol en équipe a été déterminé comme suit : l'avion n°1, en tête, piloté par Nguyên Thành Trung, qui connaissait bien l’espace aérien à Saïgon, le n°2 par Tu Dê, le n°3 par Nguyên Van Luc, le n°4 par Hoàng Mai Vuong et moi-même (Trân Van On), le n°5 par Han Van Quang volant en dernier pour observer et protéger l'arrière de l'escadrille.

Tous les préparatifs étant terminés, à 14h30, le commandant de l'Armée de l'air et de la défense aérienne a donné l'ordre de combat.

 À 16h25, l'escadrille a reçu l'ordre de décoller.

En raison de la guerre dans le pays, la province de Tiên Giang était auparavant une zone clé de conflit disputée avec acharnement entre nous et l'ennemi. Comme Trân Van On vivait dans la zone temporairement occupée par l'ennemi, il était inévitable qu'il soit forcé de s'enrôler dans l'armée fantoche. Mais avec sa prise de conscience de l'opportunité de la Révolution, il s’est rallié à l'escadrille Quyêt Thang de l'Armée de l'air et de la défense aérienne et a accompli des réalisations louables.
Colonel Phan Hùng Manh, président de l'Association des anciens combattants de la province de Tiên Giang

 

À peine arrivé à l'aéroport de Tân Son Nhât, le pilote Nguyên Thành Trung (qui volait en tête de l'escadrille) a signalé la cible à toute l'escadrille, puis a plongé directement sur la zone de regroupement d’avions militaires pour larguer les bombes, mais les bombes ne sont pas tombées.

Tout à coup, dans les écouteurs des pilotes ont résonné les voix bruyantes des opérateurs de la tour de contrôle aérien de l'aéroport, puis le cri d’un officier fantoche : « De quel escadron vient l'A-37 ? ». 

À ce moment-là, le pilote Tu Dê s’efforçait de suivre l'avion numéro 1 et de plonger pour larguer des bombes. En entendant la question de l’officier fantoche, il a répondu : « C'est votre escadron américain ». 

En même temps, les pilotes Luc, Quang, Vuong et moi, nous avons également plongé pour larguer des bombes. Le pilote Nguyên Thành Trung est revenu pour la troisième fois et a détruit les quatre bombes en même temps. L'explosion a secoué Saïgon, l'aéroport de Tan Son Nhat a été pris d'assaut par les flammes.

L'escadrille Quyêt Thang a accompli sa mission avec succès et sans aucun dommage. Elle est ensuite retournée à sa base de départ.

Resté pensif pendant un long moment, Trân Van On nous a indiqué avec une voix étranglée et des yeux remplis de tristesse :

La guerre a sévi dans notre pays. Le peuple vietnamien a dû se séparer pour se tenir aux deux côtés du front. Nous avons suivi la voie de l'ancien régime en combattant contre nos compatriotes. C'était si déchirant pour moi ! Mais finalement je suis revenu sur le bon chemin et je me suis efforcé d’apporter ma modeste contribution pour racheter mes erreurs. Honnêtement, à l'époque-là, je voulais juste mettre fin à la guerre au plus vite, pour que les Vietnamiens ne souffrent plus de douleur et puissent rapidement se réunir en famille.

 Continuer à se consacrer à la revolution

Après la libération du Sud et la réunification du pays, Trân Van On se hâta de retourner dans son village natal, dans le district de Go Công Tây, province de Tiên Giang, pour annoncer à sa femme qu’il était toujours en vie.

Mais à peine revenu auprès de sa famille, il reçut l’ordre de se rendre à l’aéroport de Trà Noc, dans la province de Cân Tho, pour participer à une formation de pilotage et aux combats sur la frontière sud-ouest. 

À cette époque, le nombre de pilotes qualifiés était encore très limité, et l’État mobilisait largement les prisonniers de guerre de l’ancien régime.

C’est également à cette période qu’un événement marqua les esprits : Nguyên Van Hai, un ancien pilote de l’armée de la République du Vietnam, détourna un hélicoptère UH1 pour fuir le pays avec sa femme et ses enfants. Cet acte raviva les soupçons entre les deux camps ennemis.

Après 1977, lorsque les forces de Pol Pot furent repoussées, Trân Van On demanda à quitter les rangs de l’armée. Il rentra discrètement dans son village sous le statut d’ancien prisonnier de guerre et poursuivit sa rééducation locale de manière exemplaire.

Privé de documents prouvant son engagement révolutionnaire, il passa les premières années, comme de nombreux anciens combattants et paysans, à creuser des canaux, améliorer les systèmes d’irrigation, à désaliniser et fertiliser les rizières. 

Ce n’est qu’en 1995 qu’il prit la décision de retourner à Da Nang pour retrouver ses anciens compagnons d’armes et obtenir les papiers attestant de sa contribution à la révolution, dans l’espoir de faciliter sa vie future.

Trân Van On avait autrefois participé au régime ancien pendant un certain temps. Mais, ensuite, il s’est rendu et rallié à la cause révolutionnaire, contribuant à la libération du Sud et à la réunification nationale. En outre, il a également contribué à la formation au pilotage et a participé aux combats dans la région frontalière du Sud-Ouest contre les forces de Pol Pot.

Lorsqu’il a cessé de s’engager dans la révolution, il est devenu un citoyen exemplaire, apportant de nombreuses contributions à sa communauté locale. Actuellement, Trân Van On est membre de l’Association des anciens combattants de la commune de Vinh Huu, district de Go Công Tây.
Le colonel Trân Thanh Hà, ancien commissaire politique de l’École militaire locale de la province de Tien Giang, est le président de l’Association des anciens combattants du district de Go Công Tây (Tiên Giang).

Des membres de l’escadrille Quyêt Thang après leur attaque contre l’aéroport de Tân Son Nhât dans l’après-midi du 28 avril 1975. Photo : VNA.

Des membres de l’escadrille Quyêt Thang après leur attaque contre l’aéroport de Tân Son Nhât dans l’après-midi du 28 avril 1975. Photo : VNA.

L’histoire de la médaille “Exploit de la Libération de première classe”, décernée avec trente-trois ans de retard

Suite à l’accomplissement des missions de l’escadrille Quyêt Thang, contribuant à la libération du Sud et à la réunification du pays, l’État a décidé de décerner la médaille “Exploit de la Libération de première classe” à tous les membres de l’escadrille. Cependant, comme Trân Van On et Nguyên Van Sanh étaient d’anciens soldats ennemis ralliés et qu’ils venaient tout juste de participer à leur première mission, leur décoration n’a pas été remise immédiatement, mais conservée au sein des Forces de défense aérienne et de l’aviation. 

Plus tard, les membres de l’escadrille Quyêt Thang sont retournés dans son village natal dans l’espoir de retrouver tous leurs frères d’armes. 

Après s'être rencontrés, le Héros des forces armées populaires Tu Dê a téléphoné à la Défense aérienne - Armée de l'air pour l’interroger  sur l'Ordre du mérite militaire de première classe et il a appris que l'Ordre était toujours là.

Tu Dê a ensuite expliqué : « L'Ordre qui vous a été décernée est une récompense reconnue par le Parti et l'État pour vos contributions et réalisations, et constitue une « preuve » pour montrer à tous que vous avez contribué à la révolution. »

Il a également admis son erreur d'avoir oublié l'Ordre de son camarade, et cela a été sa plus grande préoccupation avant de prendre sa retraite.

Trân Van On prend soin de son jardin dans sa province natale de Tiên Giang. Photo : Nguyên Su, prise en mars 2025.

Trân Van On prend soin de son jardin dans sa province natale de Tiên Giang. Photo : Nguyên Su, prise en mars 2025.

Peu de temps après, la Défense aérienne - Armée de l'air a invité Trân Van On à venir à Saigon pour recevoir l'Ordre, mais Tu Dê n’était pas d’accord.

En effet, à cette époque-là, Trân Van On devait encore faire face à la suspicion de ses proches dans son village et de ses amis. Raison pour laquelle Tu Dê a voulu que la remise de l'Ordre ait eu lieu à la commune afin que tout le monde le sache.

Parlant du moment de « disculpation » du membre spécial de l'escadron Quyêt Thang, Tu Dê a partagé : « Ce jour-là, nous avons invité le Comité du Parti de la commune de Go Công, province de Tiên Giang. Lors de la cérémonie, j'ai avoué à Trân Van On ma faute pour l'attribution tardive de l’Ordre ».

Touché, Trân Van On a répondu : « Merci, mon honneur m’a été rendu. Permettez-moi de retirer la médaille pour la rapporter chez moi. » 

Mais Tu Dê a refusé : « Vous devez porter cette médaille sur votre poitrine, tenir le certificat en main. Nous vous accompagnerons depuis la commune jusqu’à votre domicile pour que les habitants sachent que le pilote Trân Van On a contribué à la révolution. » 

Pendant les 33 années qui ont suivi la libération, Trân Van On a vécu dans l’incompréhension, replié sur lui-même, menant une vie difficile, travaillant aux champs tout au long de l’année. Ainsi, lorsque l’honneur lui a été enfin rendu, Tu Dê a ressenti un immense soulagement. 

« En août 2008, en présence de nombreux cadres de la commune de Vinh Huu, district de Go Công Tây (Tiên Giang), j’ai reçu la médaille égarée pendant 33 ans. En portant la médaille sur ma poitrine, les larmes me sont montées aux yeux tant j’étais heureux. Dès lors, les soupçons des villageois à mon égard se sont dissipés », se souvient Trân Van On. Depuis ce jour, il mène une vie paisible et sereine sur la terre de ses ancêtres.

Publication : le 11 avril 2025
Organisation : Truong Son & Thao Le
Réalisation : Nguyên Su, Thiên Lam & Ngoc Bich
Photos : Nguyên Su, VNA.