Les patrimoines culturels immatériels

de l’humanité du Vietnam

Grâce à son trésor culturel vaste et unique, le Vietnam est devenu l’un des pays les plus attrayants dans le monde. Jusqu’à présent, le Vietnam possède 14 patrimoines culturels immatériels reconnus par l’UNESCO.

1. L’espace de la culture des gongs du Tây Nguyên (Hauts Plateaux du Centre)

L’espace de la culture des gongs (cồng chiêng) du Tây Nguyên s’étend sur les cinq provinces des hauts plateaux du Centre (Tây Nguyên), Dak Lak, Dak Nông, Gia Lai, Kon Tum et Lâm Dông, et concerne les ethnies Ba Na, Cơ ho, Ê đê, M’nông et Xê Đăn

Liés étroitement à la vie des habitants de cette région, les gongs leur servent aussi de moyens de communication au sein de la communauté. Ils sont en ce sens considérés comme des instruments sacrés.

Depuis que « l’espace de la culture des gongs » a été inscrit, en 2008, par l’UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité (originellement proclamé en 2005), sa préservation a obtenu des résultats encourageants, notamment à Lâm Dông. Cette province concentre ses efforts sur l’équipement de gongs, la restauration et l’enseignement des airs traditionnels dans toutes les maisons de la culture. En outre, elle cherche à relancer deux à quatre fêtes traditionnelles annuelles pour perpétuer la tradition des gongs.

2. Le quan họ - chant alterné de la province de Bac Ninh (au Nord)

Le quan họ (chant alterné) est un des symboles de la culture de la contrée de Kinh Bac ainsi que du village de Diêm, dépendant du hameau de Viêm Xa, la commune de Hoa Long et la ville de Bac Ninh, dans la province septentrionale éponyme.

Ce chant est constitué de couplets interprétés en alternance par deux femmes d’un village qui chantent à l’unisson et auxquelles deux hommes d’un autre village répondent. Les femmes portent traditionnellement de grands chapeaux ronds et des écharpes typiques, tandis que le costume des hommes se compose d’un turban, d’un parapluie et d’une tunique.

Cet art populaire a été reconnu par l’UNESCO comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2009.

3. Le ca trù  - chant des courtisanes

Le ca trù est une forme complexe de poésie chantée que l’on trouve dans le Nord du Vietnam et qui utilise des paroles écrites selon des formes poétiques vietnamiennes traditionnelles. Les groupes de ca trù sont composés de trois personnes : une chanteuse qui utilise des techniques respiratoires et le vibrato pour produire des ornementations sonores uniques, tout en jouant des castagnettes ou en frappant sur une boîte en bois et deux instrumentistes qui l’accompagnent d’un luth à trois cordes et du rythme énergique d’un tambour. Certaines représentations de ca trù comprennent également de la danse.

Les diverses formes de ca trù remplissent des fonctions sociales différentes : on distingue notamment les chants de dévotion, les chants de divertissement, les chants interprétés dans les palais royaux et ceux interprétés lors des concours de chant. Le ca trù possède cinquante-six formes musicales ou mélodies différentes, chacune appelée thể cách. Les artistes populaires transmettent la musique et les poèmes qui composent le ca trù par oralement ou par l’exemple, autrefois au sein de la famille, mais aujourd’hui à toute personne qui souhaite apprendre.

En 2009, année où l’UNESCO a inscrit cet art sur la liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.

4. Les fêtes Gióng des temples de Phù Dông et de Soc Son (en banlieue de la capitale Hanoï)

Les fêtes Gióng du Temple de Phù Dông (de la commune de Phù Dông, du district de Gia Lâm) et du Temple de Soc (dans la commune de Phu Linh, du district de Soc Son), qui tombent respectivement le 9e jour du 4e mois lunaire et le 6e jour du 1er mois lunaire, célèbrent le héros légendaire qu’est le Génie Gióng, l’un des quatre Immortels du peuple vietnamien. C’est la deuxième plus grande fête populaire au Vietnam, après celle des Rois Hùng à Phú Tho.

Thánh Gióng, ou Génie Gióng, est né à Phù Dông. Après avoir bouté hors du pays les envahisseurs Ân (sous la dynastie des Shang en Chine au XVIIIe siècle av. J.-C., vers 1025 av. J.-C.), il monta sur son destrier de fer au sommet d’une colline d’où il s’envola.

Selon la légende, c’est à Soc Son que le Génie Gióng se reposa avant de rejoindre définitivement les cieux. Ces fêtes, lors desquelles on reconstitue grandeur nature l’épopée du héros, sont organisées chaque année. Les préparatifs débutent plusieurs mois à l’avance.

Les fêtes Gióng des temples de Phù Dông et de Soc Son du Vietnam ont été reconnues en tant que patrimoine culturel immatériel de l’humanité lors de la 5e réunion du Comité intergouvernemental de l’UNESCO, qui a eu lieu le 16 novembre 2010 à Nairobi, au Kenya.

5. Le xoan de la province de Phu Tho (au Nord)

Le xoan, chant alterné de la province de Phu Tho, la terre des Rois Hùng, les fondateurs de la nation, a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO, le 24 novembre 2011.

Le xoan ou encore chant « cửa đình » (chant à l’entrée de la maison communale) est un art du spectacle, lié à des rites et à des croyances, combinés à des chants d’amour alternés entre hommes et femmes.
À l’arrivée du printemps, à l’occasion du Nouvel An ou lors des fêtes de village, artistes et amateurs chantaient pour honorer les Rois fondateurs Hùng, les génies tutélaires des villages, la nature, la vie et le travail. Au-delà de leur chant se dégageait aussi leur aspiration à bénéficier d’un temps clément pour les cultures ainsi que d’abondantes récoltes.

6. Le culte des Rois Hùng, trésor spirituel des Vietnamiens

Le culte des Rois Hùng (rois fondateurs du pays) dans la province de Phu Tho (au Nord) a été inscrit le 6 décembre 2012 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, lors de 7e réunion du Comité intergouvernemental de la protection du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, tenue à Paris.

La Fête commémorative de ces fondateurs du pays se tient chaque année au 10jour du 3e mois lunaire.

Le culte s’est développé sur une longue période avant d’être officiellement célébré par la dynastie des Lê postérieurs (1428 - 1788). Chaque année, des millions de pèlerins se rendent au Temple des Rois Hùng, situé sur le mont Nghia Linh (dans la province de Phu Tho, à 80 km de Hanoï), afin d’y commémorer leurs ancêtres et de prier pour la chance et la santé.

La cérémonie principale, la fête ancestrale de commémoration des rois Hùng, est célébrée pendant près d’une semaine au début du troisième mois lunaire. Les villageois des alentours revêtent de splendides costumes et participent à une compétition du plus beau palanquin et des objets culturels les plus précieux pour le rite principal, pour lequel ils vont au temple principal en procession avec tambours et gongs.

7. Le nhã nhạc - musique de la cour de Huê (au Centre)

Le nhã nhạc, musique de la cour de Huê, est considéré comme la musique de la dynastie des Nguyên (1802 - 1945). Le nhã nhạc était joué lors des cérémonies importantes de la cour, comme les rituels Nam Giao, Xã Tắc, la cérémonie du couronnement, les prières pour la longévité du roi et les cérémonies de réception des ambassadeurs.

Le nhã nhạc est un genre musical royal avec des chants accompagnés de danses fastueuses. Elle symbolisait l’éternité du pouvoir royal et la prospérité de la dynastie, c’est pourquoi les dynasties monarchiques ont toujours fait grand cas de cette forme musicale. Selon les annales historiques, cette musique est née sous la dynastie des Ly (1010 - 1225) et a prospéré jusqu’à la dynastie des Nguyên (1802 - 1945), la dernière de l’histoire féodale du Vietnam. Le nhã nhạc des Nguyên a été appelé « musique de cour de Huê », car cette dynastie a fixé sa capitale à Huê où elle est restée pendant 143 ans, jusqu’à sa chute en 1945.

Le 7 novembre 2013, cet art a été reconnu par l’UNESCO comme patrimoine oral et immatériel de l’humanité.

L’UNESCO a déclaré : « Le nhã nhạc est un art musical raffiné… Parmi tous les genres de musique traditionnelle vietnamienne, le nhã nhạc a atteint une dimension nationale. Il existe depuis le XIe siècle. Sous le règne des Nguyễn, il a atteint son niveau le plus élevé ».

Aujourd’hui, la musique de cour de Huê n’est pas seulement un trésor précieux de la nation vietnamienne, mais aussi un patrimoine de l’humanité. Nul doute que cet art sera préservé de manière efficace. Ensemble avec les autres patrimoines culturels et naturels au Vietnam, elle contribuera à affirmer la position du pays dans la région et dans le monde.

8. Le đờn ca tài tử, l’art noble du Sud

Depuis longtemps cet art musical aux racines à la fois érudites et populaires, le đờn ca tài tử (musique des amateurs) est ancré dans la vie culturelle et spirituelle des gens du Sud. Le 5 décembre 2013, l’art du đờn ca tài tử a été officiellement reconnu comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité. C’est aussi la première fois qu’une forme de musique folklorique traditionnelle du Sud est reconnue comme un patrimoine mondial.

Selon les chercheurs, le đờn ca tài tử est apparu à la fin du XIXe siècle. Il est issu de la musique de cour de Huê. Cet art musical est pratiqué dans les fêtes, dans les jardins de vergers, sur les bateaux, lors des mariages, des funérailles et anniversaires de la mort.

Il est profondément lié à d’autres coutumes et pratiques culturelles, aux traditions orales et au travail artisanal.

Les interprètes expriment des émotions et des sentiments en improvisant, en ornementant et en faisant des variations sur la structure mélodique et les principaux motifs rythmiques des morceaux.

Le đờn ca tài tử est accompagné d’une grande variété d’instruments différents, dont le luth en forme de lune, le violon à deux cordes, la cithare à seize cordes, le luth en forme de poire, les instruments à percussion, le monocorde et la flûte en bambou. Son répertoire compte 20 chansons principales et 72 chansons classiques.

9. Les chants folkloriques ví et giặm des provinces de Nghê An et Hà Tinh (au Centre)

Le 27 novembre 2014, lors de la 9e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, au siège de l’organisation situé à Paris (France), les chants folkloriques ví et giặm des provinces de Nghê An et Hà Tinh ont été officiellement reconnus patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Il s’agit du neuvième patrimoine culturel immatériel du Vietnam honoré sur la scène internationale.

Il s’agit d’une forme musicale populaire chantée dans une grande diversité de communautés vietnamiennes des provinces de Nghê An et Hà Tinh. Ils reflètent leur identité culturelle, se transmettent de génération en génération et font partie de la vie quotidienne. Les chants ví et giặm sont un mode de partage, d’échange et de dialogue.

10. Les rituels et le jeu de tir à la corde

Les rituels et le jeu de tir à la corde au Vietnam, au Cambodge, en République de Corée et aux Philippines ont été inscrits sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, lors de la 10e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, qui a eu lieu du 30 novembre au 4 décembre 2015 à Windhoek, en Namibie.

Les rituels et le jeu de tir à la corde dans les cultures rizicoles d’Asie de l’Est et du Sud-Est sont pratiqués au sein des communautés pour assurer des récoltes abondantes et la prospérité. Ils favorisent la solidarité sociale, le divertissement et marquent le commencement d’un nouveau cycle agricole. De nombreux rituels et jeux ont aussi une profonde signification religieuse.

11. Les pratiques liées à la croyance viêt en les déesses-mères des Trois mondes

Le culte des Déesses-Mères a été reconnu patrimoine culturel immatériel de l’Humanité par l’UNESCO, le 1er décembre 2016.
Cette cérémonie de culte des Déesses-Mères, une croyance purement vietnamienne, date des IIe et IIIe siècles avant J.-C. Un rite qui prend sa source dans la coutume de culte de la Déesse du riz et de la Déesse-Mère (époque du matriarcat). Selon les historiens, comme leur existence dépendait des éléments naturels, les Vietnamiens d’antan vénéraient les esprits capables de les protéger, regroupés sous le vocable de « Déesses-Mères ». Celles-ci géraient chacune une sphère de l’Univers : le ciel, la terre, l’eau, les forêts et les montagnes.

Au panthéon vietnamien figurent quatre Déesses-Mères dirigeant l’Univers : celle du Ciel (Mâu Thuong Thiên), celle de la Terre (Mâu Dia), celle des Eaux (Mâu Thuy), celle des Forêts et des Montagnes (Mâu Thuong Ngàn). Nombreuses sont les légendes qui racontent la naissance et la vie de ces divinités.

Né dans le Nord du pays, le culte des Déesses-Mères s’est propagé dans de nombreuses localités du Centre et du Sud. On dénombre plus de 7 000 lieux de culte, notamment dans le Nord (provinces de Lang Son, Hanoï, Nam Dinh et Thanh Hoa). Lors des fêtes traditionnelles, les pèlerins prient pour la chance, la richesse, la paix et la prospérité.

12. Le bài chòi, un art fascinant du Centre du Vietnam

Le bài chòi a été inscrit le 7 décembre 2017 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.

Né dans la province de Binh Dinh, le bài chòi qui est une forme artistique associant musique, poésie, théâtre, peinture et littérature. Il est très épandu dans l’ensemble de la région Centre.

Le bài chòi se présente sous deux formes : les « jeux du bài chòi » et le « spectacle de bài chòi ». Les jeux du bài choi se pratiquent avec des cartes dans des cabanes de bambou, à l’occasion du Nouvel An lunaire.

Cet art est une importante forme de culture et de divertissement dans la communauté villageoise. Écouter le chant bài choi permet aux membres de la communauté de comprendre les traditions et de partager leurs sentiments, connaissances et expériences. Il raconte des histoires sur les mœurs, la compassion et l’amour du village, de la nation et de l’unité nationale.

Les pratiquants et leurs familles jouent un rôle essentiel dans la sauvegarde de la pratique à travers l’enseignement à la jeune génération des répertoires chantés, des techniques de chant et d’interprétation et des méthodes de fabrication des cartes.

Le bài chòi est un art égalitaire et une forme d’activité et de divertissement culturels accessible à tout le monde. Du fait de son aptitude à transmettre des connaissances traditionnelles à travers des jeux et des spectacles, il est une forme importante d’activité communautaire qui a une valeur éducative pour les jeunes générations.
Actuellement, il y a près de 90 équipes, troupes et clubs de bài chòi pour la pratique et la transmission de cette forme artistique. La plupart des praticiens de bài choi l’apprennent dans le cadre familial et le savoir-faire est principalement transmis oralement. Certains artistes spécialisés dans le bài choi transmettent également leurs connaissances et leurs savoir-faire dans des clubs, des écoles et des associations.

13. Les pratiques du then par les groupes ethniques des ethnies Tày, Nùng et Thaï (au Nord)

Les pratiques du then par les groupes ethniques Tày, Nùng et Thaï au Vietnam, ont été inscrites sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, lors de la 14e session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui s’est tenue le 12 décembre 2019 à Bogota, en Colombie.
Pratique rituelle essentielle de la vie spirituelle des ethnies Tày, Nùng et Thaï au Vietnam, le then reflète des concepts relatifs aux êtres humains, à la nature et à l’univers.

Les cérémonies du then décrivent un voyage au cours duquel le maître then (homme ou femme) guide les soldats fantômes dans leur trajet du royaume terrestre au royaume des cieux afin d’offrir des objets religieux et de prier pour la paix, la guérison, les récoltes, une bonne année.

14. La danse xòe des Thaï

Le 15 décembre 2021, le Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO a inscrit la danse xòe du peuple Thaï du Vietnam sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Après l’émotion et la fierté, les Thaï qui peuplent le Nord-Ouest du Vietnam ont pris conscience de la responsabilité de perpétuer cette tradition ancestrale.

En langue thaï, xòe signifie danse : une danse collective, en l’occurrence, avec des mouvements simples qui symbolisent les activités humaines dans les activités de culte, la culture et le travail. Il existe trois types de xòe qui sont la danse xoè rituelle, en cercle et de présentation. Pour les Thaï, la danse xòe est aussi indispensable que la nourriture et l’eau qu’ils consomment au quotidien.

Source : ministère vietnamien de la Culture, des Sports et du Tourisme
Réalisation & Dessin : Nhân Dân en ligne