Chemins de fer vietnamiens

sur les rails d’une nouvelle modernité

Un train traverse Hanoï. Photo : Thanh Dat.

Un train traverse Hanoï. Photo : Thanh Dat.

De l’histoire gravée sur chaque kilomètre de voie à l’ambition d’un réseau moderne et intelligent, les chemins de fer vietnamiens, après plus d’un siècle d’existence, amorcent une transformation destinée à accompagner les aspirations de développement du pays dans l’ère nouvelle.

Des premiers rails…

Le 20 juillet 1885, le sifflement d’une locomotive sur la ligne Saïgon–My Tho marqua l’entrée du Vietnam dans l’ère ferroviaire.

Depuis près de 150 ans, le rail a accompagné les soubresauts de l’histoire nationale : de la période coloniale aux deux guerres de libération, de la reconstruction d’après-guerre aux réformes économiques et à l’intégration internationale.

La ligne Saïgon–My Tho avait été lancée en 1881, longue de plus de 70 kilomètres et financée à hauteur de 12 millions de francs.

Outre ses deux gares terminus, elle comptait 18 arrêts, dont deux gares principales, onze haltes intermédiaires et cinq points d’arrêt.

Première ligne construite non seulement au Vietnam mais dans toute l’Indochine, elle constituait la deuxième infrastructure ferroviaire coloniale de la France en Asie, après celle de Pondichéry, mise en service en 1879.

Si la ligne fut inaugurée en 1882, ce n’est que trois ans plus tard, le 20 juillet 1885, qu’elle entra en exploitation, marquant la naissance officielle des chemins de fer vietnamiens.

En 1936, la ligne transvietnamienne fut achevée : le 2 septembre, les rails venus du Nord et du Sud furent raccordés à Hao Son, dans l’ancienne province de Phu Yen.

En un demi-siècle, le réseau s’étendait déjà sur 2 600 kilomètres à travers les trois grandes régions du pays, soit 37 fois plus que lors de ses débuts.

Le Vietnam possédait alors le réseau le plus dense et le plus intégré d’Asie du Sud-Est.

Par la suite, de nouvelles lignes furent construites selon le standard français de l’époque, avec une largeur de voie d’un mètre.

Conçu d’abord comme un outil de contrôle et d’exploitation par l’administration coloniale française, le chemin de fer vietnamien a aussi été façonné par la sueur, les efforts et parfois le sang des générations de travailleurs vietnamiens.

Si la voie ferrée fut instrumentalisée comme un moyen de domination, elle est rapidement devenue un produit de l’histoire nationale, indissociable du destin du pays.

Le premier train en Indochine, de Saïgon à Cho Lon (au Sud du Vietnam), le 27 décembre 1881.

Le premier train en Indochine, de Saïgon à Cho Lon (au Sud du Vietnam), le 27 décembre 1881.

La gare de Saïgon, construite en 1881.

La gare de Saïgon, construite en 1881.

La gare de Hanoï avant 1927 (façade).

La gare de Hanoï avant 1927 (façade).

Le pont Ham Rong (au Sud du Vietnam), sur la ligne ferroviaire transvietnamienne, construit et mis en service en 1904.

Le pont Ham Rong (au Sud du Vietnam), sur la ligne ferroviaire transvietnamienne, construit et mis en service en 1904.

…devenu un témoin de l’histoire nationale

Pendant la résistance contre le colonialisme français, le chemin de fer vietnamien joua un rôle actif au service de la lutte contre les ennemis extérieurs et intérieurs, notamment dans l’acheminement des renforts pour le Sud.

À la fin de 1945 et au début de 1946, les trains roulaient jour et nuit pour transporter les unités militaires venues de différentes régions vers le Sud, afin de combattre l’armée française envahissante.

Arborant le drapeau rouge frappé de l’étoile jaune, les portraits du président Ho Chi Minh, ainsi que des banderoles et slogans tels que « Soutien à la résistance du Sud », « Indépendance du Vietnam », « À bas le colonialisme français », « Le Sud appartient au Vietnam », les trains transportant cadres et soldats s’arrêtaient à de nombreuses gares pour embarquer de nouveaux combattants et recevoir nourriture, boissons et cadeaux de la population locale.

Le mouvement du “Nam Tien” – la marche vers le Sud – symbolisait l’élan de toute la nation en guerre. Les gares et les trains de la ligne Hanoï–Nha Trang devinrent le reflet vivant et héroïque de cette mobilisation.

Dès novembre 1945, le ministère de la Défense et le secteur ferroviaire organisèrent des dizaines de convois, transportant des milliers de tonnes de riz, plus de 4 000 couvertures, 8 000 mètres carrés de tissu kaki ainsi qu’une grande quantité d’armes et munitions pour ravitailler les troupes et la population sur le front.

L’apport décisif en hommes, en matériel et en soutien moral venu du Nord et du Centre, à travers le mouvement Nam Tien, eut un effet considérable : il permit aux forces et à la population du Sud de résister avec courage, stoppant l’avancée des troupes françaises vers le Nord.

Début 1946, l’armée française dut s’arrêter dans l’extrême Sud du Centre-Vietnam, incapable de réaliser son plan initial de conquête rapide et totale du pays.

Le réseau ferroviaire du Nord et du Centre participa du début à la fin à cette mission de soutien, contribuant de façon significative aux victoires sur les différents fronts.

Il s’agit là d’un exploit majeur du chemin de fer vietnamien au service de la Patrie, depuis le jour où il devint propriété du peuple et de l’État révolutionnaire.

L’Oncle Ho dans le train de Hai Phong à Hanoï, le 21 octobre 1946.

L’Oncle Ho dans le train de Hai Phong à Hanoï, le 21 octobre 1946.

Le 21 octobre 1946 demeure une date mémorable de l’histoire du chemin de fer vietnamien, honoré d’accueillir à son bord le président Ho Chi Minh lors d’un trajet spécial de Hai Phòng à Hanoï, à son retour d’un séjour de cinq mois en France. 

Conscients de leur responsabilité, les cadres et employés du chemin de fer, depuis les services au siège de la Compagnie des chemins de fer jusqu’aux postes dans les gares et sur les trains, ont uni leurs efforts, en coordination avec les secteurs concernés, les comités du Parti, les autorités et la population des localités traversées, pour assurer le transport du président Ho Chi Minh et de nombreux hauts dirigeants du Parti et de l’État vers la capitale, dans des conditions de sécurité absolue et conformément au plan prévu. 

En reconnaissance du dévouement et du sens élevé des responsabilités de ceux qui travaillaient pour le chemin de fer, le 18 novembre 1946, le président Ho Chi Minh leur adressa une lettre de remerciement et d’encouragement.

 Il y écrivait avec une émotion particulière : « Le travail des chemins de fer est une tâche importante dans l’édification du pays. J’espère que les camarades du Service des chemins de fer resteront toujours unis, persévérants, pour accomplir pleinement leur mission. » 

Ces paroles bienveillantes et profondes sont devenues une ligne directrice pour l’ensemble du secteur ferroviaire tout au long de son parcours de construction, de développement et de contribution à la nation.

Marqué par cette empreinte de fierté, le 21 octobre 1946 a été retenu comme une date historique particulière dans l’histoire du chemin de fer vietnamien.

Conformément au souhait légitime de générations successives de cadres et d’employés du secteur, le 11 mars 1996, le Premier ministre a signé la décision proclamant le 21 octobre Journée traditionnelle annuelle du chemin de fer vietnamien – une reconnaissance solennelle du rôle et des contributions considérables de ce secteur dans l’édification et la défense de la Patrie vietnamienne. 

Durant la résistance contre le colonialisme français, le chemin de fer vietnamien subit de lourds dégâts, tant sur le plan matériel qu’humain.

Cependant, les cheminots restèrent fermement en place, se tenant aux côtés de toute la nation dans la lutte, tout en préparant progressivement les conditions nécessaires à la restauration future du réseau ferroviaire. 

Après le rétablissement de la paix, avec la signature des Accords de Genève (20 juillet 1954), le secteur ferroviaire réalisa un exploit remarquable dans la reconstruction et la modernisation du pays. 

Avec la stratégie suivante : rétablir rapidement la circulation, remettre les rails en service d’abord puis les améliorer ensuite, tirer pleinement parti des anciens matériaux et de ceux disponibles localement, privilégier la restauration tout en intégrant des améliorations… en seulement quatre ans (1954-1957), de nombreuses lignes ferroviaires vitales furent entièrement remises en service, telles que Hanoi-Muc Nam Quan (1955), Yen Vien-Lao Cai (1956), Van Dien-Ninh Binh-Ham Rong (1959)…

Le secteur ferroviaire a rapidement pris en charge, géré et exploité plus de 662 km de voies ferrées, assurant le transport en toute sécurité de centaines de millions de tonnes de marchandises et de millions de passagers.

Il a joué un rôle important dans le processus de cicatrisation des blessures de guerre et de reconstruction nationale.

Le 31 décembre 1955, le ministre des Transports et de la Poste, Nguyen Van Tran, a inauguré le tronçon ferroviaire Hanoi-Nam Dinh.

Le 31 décembre 1955, le ministre des Transports et de la Poste, Nguyen Van Tran, a inauguré le tronçon ferroviaire Hanoi-Nam Dinh.

Le 18 décembre 1964, le vice-Premier ministre Le Thanh Nghi, accompagné des dirigeants du ministère des Transports et du Département général des chemins de fer, a inauguré la locomotive « Tu Luc », fabriquée par les ouvriers de l'usine ferroviaire de Gia Lam.

Le 18 décembre 1964, le vice-Premier ministre Le Thanh Nghi, accompagné des dirigeants du ministère des Transports et du Département général des chemins de fer, a inauguré la locomotive « Tu Luc », fabriquée par les ouvriers de l'usine ferroviaire de Gia Lam.

L’équipage de conduite de la locomotive Thanh Nien 402, collectif honoré du titre de Héros du Travail, s’est distingué par de remarquables performances en matière de sécurité et d’économie de carburant.

L’équipage de conduite de la locomotive Thanh Nien 402, collectif honoré du titre de Héros du Travail, s’est distingué par de remarquables performances en matière de sécurité et d’économie de carburant.

Inébranlable dans l’édification nationale

Durant la période 1954-1964, le réseau ferroviaire du Nord a été reconstruit et restauré avec des lignes principales telles que Hanoi-Lao Cai, Hanoi-Hai Phong et Hanoi-Lang Son.

Ces axes vitaux ont joué un rôle déterminant dans la satisfaction des besoins de mobilité et dans la relance économique du Nord après la guerre.

À la même période, la ligne Hanoi-Thai Nguyen, longue de 57 km, a également été achevée, contribuant à compléter le réseau ferroviaire de la moyenne région et des régions montagneuses du Nord.

L’industrie ferroviaire commençait également à se structurer, avec quelques spécialités techniques encore limitées, mais déjà capables de produire par elles-mêmes certains équipements destinés au secteur.

L’exemple le plus marquant fut l’essor de l’usine ferroviaire de Gia Lam, qui constituait l’un des fondements majeurs de l’industrie ferroviaire vietnamienne des décennies suivantes.

Pendant la résistance contre les bombardements au Nord et l’acheminement des renforts vers le Sud, animés par l’esprit « Tous pour le front », les cadres et ouvriers du secteur ferroviaire ont multiplié les innovations remarquables afin d’assurer la continuité du transport ferroviaire.

Parmi celles-ci figuraient la mise en place de ponts flottants traversant le fleuve Rouge, de ponts pivotants permettant de dissimuler locomotives et wagons, ou encore la célèbre méthode de transport « traverser les fleuves sans pont, faire rouler les trains sans gare », qui permit de briser l’isolement imposé par la guerre.

Le transport sur wagonnets a été également organisé dans le Sud et sur la ligne de feu de la Région militaire IV, illustrant une solidarité révolutionnaire exemplaire : « qu’un pont s’effondre, et c’est comme un os brisé ; qu’une route soit coupée, et c’est comme les entrailles déchirées ».

L'esprit combatif a été ravivé par le mouvement « des chants plus forts que les bombes » : les trains circulaient tout en maintenant une organisation de défense contre les bombardements américains.

La ligne ferroviaire transvietnamienne a été officiellement rétablie, devenant un symbole fort de l'esprit de solidarité, de la volonté d'unification et de l'aspiration à l'essor de la nation tout entière après la réunification du pays.

Surmontant tous les sacrifices et les pertes, l’ensemble du secteur a transporté des millions de tonnes de marchandises et de matériel militaire, ainsi que des millions de soldats, de jeunes volontaires et de milices de première ligne, au service du champ de bataille du Sud jusqu’au jour de la victoire totale.

Après la réunification nationale, conformément à l’orientation du Parti et de l’État, le Comité du Parti a conduit tout le  secteur à surmonter d’innombrables difficultés et pénuries, mobilisant au maximum les talents et les ressources, travaillant sans relâche pour restaurer et reconstruire 20 km de ponts, 520 ponceaux, poser 660 km de nouvelles voies ferrées, 1 686 km de lignes de communication et terrasser près de 3 millions de m³ de terre.

Le 31 décembre 1976, la ligne ferroviaire de la Réunification de 1 729 km fut inaugurée.

La voie ferrée transvietnamienne fut officiellement rétablie, devenant un symbole puissant de l’esprit de solidarité, de la volonté d’unité et de l’aspiration à progresser de toute la nation.

Un essor dans le Renouveau

Au cours des années de mise en œuvre de la politique de Renouveau (Doi Moi), le secteur ferroviaire fut l’une des premières entités à réorganiser efficacement sa production, à investir dans la modernisation des infrastructures, à s’équiper progressivement de moyens techniques modernes, à réformer ses mécanismes de gestion, et à promouvoir un esprit de dynamisme et de créativité, réalisant de nombreux succès remarquables.

Le 1er mai 1990, la Direction générale des Chemins de fer (créée par le décret no 505 du 6 avril 1955 du Premier ministre) fut transformée en Union des Chemins de fer du Vietnam (selon la décision No 575 du ministère des Transports), ouvrant ainsi un modèle organisationnel adapté au nouveau mécanisme.

Afin d’améliorer l’efficacité de l’exploitation du transport, de réduire le délai de livraison, de réception et de circulation des marchandises, l’Union des Chemins de fer du Vietnam a étudié et modifié ses méthodes de gestion ainsi que l’organisation de la circulation des trains.

 La gestion fut décentralisée en trois catégories de lignes : courtes, moyennes et longues distances, avec une priorité accordée au transport de fret sur longues distances afin d’accroître la production et le chiffre d’affaires. 

Un objectif essentiel de la réforme du secteur ferroviaire consistait à améliorer la qualité du service aux passagers : avant tout réduire la durée du trajet et garantir la sécurité, moderniser les équipements, renforcer le sens des responsabilités et le respect des voyageurs.

Le secteur a mis en place des trains légers, rapides et confortables pour desservir les itinéraires Hanoï–Haiphong et Saïgon–Nha Trang.

Portée par un esprit d’initiative et de créativité, l’Union des Chemins de fer a su combiner la modernisation des ponts, des voies, des locomotives et des wagons avec la rationalisation des opérations techniques et des procédures de sécurité ferroviaire.

Le trajet du train de la Réunification entre le Nord et le Sud, qui durait 72 heures lors de sa remise en service en 1976, fut ramené à 60 heures en janvier 1988, à 48 heures en septembre 1989, à 42 heures en mai 1991, à 38 heures en mai 1993, puis à 36 heures en avril 1994, démontrant de manière éloquente l’efficacité des améliorations en matière de performance opérationnelle et de service.

La période 1996-2000 a marqué un développement vigoureux du secteur ferroviaire, avec une croissance impressionnante du volume transporté et du chiffre d’affaires. Le tonnage-kilomètre converti a augmenté en moyenne de 6,48 % par an, et les recettes ont progressé de 13,53 % par an. En 2000 seulement, le volume de marchandises a dépassé 6,1 millions de tonnes et le chiffre d’affaires total a franchi 1 252 milliards de dongs, soit 124,05 % par rapport à 1999. Il s’agit de l’année ayant enregistré la plus forte croissance et le plus haut revenu en dix ans de renouveau (jusqu’en 2000) du secteur ferroviaire.

En particulier, à partir de septembre 2000, deux paires de trains rapides S1/S2 et S3/S4, conçues et fabriquées conjointement par le personnel et les ouvriers des ateliers de wagons du secteur, ont été mises en service, ouvrant une nouvelle étape dans l’amélioration de la qualité des services et répondant à la demande croissante de déplacement de la population.

Le volume de transport au cours de près de sept ans (1995-2001) a augmenté en moyenne de 9,58 % par an ; en 1995, la productivité atteignait 1 735 millions de tonnes-kilomètres de marchandises, soit deux fois plus qu’en 1990. La coopération internationale du secteur a continué de s’élargir. Le 14 février 1996, dans les gares de Đồng Đăng et Lào Cai (Vietnam) et celles de Bằng Tường et Sơn Yêu (Chine), les gouvernements et les chemins de fer des deux pays ont solennellement organisé la cérémonie de rétablissement du transport ferroviaire international Vietnam–Chine. En mai 1996, aux Philippines, les Chemins de fer vietnamiens ont adhéré à l’Organisation ferroviaire des pays de l’ASEAN.

Le premier train chinois est arrivé à la gare de Đồng Đăng (province de Lạng Sơn) le matin du 14 février 1996, lors de la cérémonie de rétablissement de la circulation ferroviaire Vietnam–Chine aux deux postes frontaliers de Lạng Sơn et Lào Cai, après 17 ans d’interruption. Photo VNA

Le premier train chinois est arrivé à la gare de Đồng Đăng (province de Lạng Sơn) le matin du 14 février 1996, lors de la cérémonie de rétablissement de la circulation ferroviaire Vietnam–Chine aux deux postes frontaliers de Lạng Sơn et Lào Cai, après 17 ans d’interruption. Photo VNA

L’objectif de réduire le temps de parcours des trains a continué à être mis en œuvre selon une feuille de route prudente, sûre et garantissant la sécurité. En 2000, le trajet du train Thống Nhất était de 32 heures ; en 2005, il a atteint et maintenu 29 heures 30. Le trajet Hanoï–Haïphong est passé de 3 heures à 2 heures ; Hanoï–Lào Cai de 10 heures à un peu plus de 7 heures ; Hanoï–Đồng Đăng de 7 heures à moins de 5 heures.

Le 4 mars 2003, la Société générale des Chemins de fer vietnamiens a été créée sur la base de l’Union des Chemins de fer vietnamiens conformément à la Décision n° 34 du Premier ministre, avec pour mission d’exploiter le transport ferroviaire, le transport multimodal national et international ; de gérer, exploiter, entretenir et réparer l’infrastructure ferroviaire nationale…

La Société générale a officiellement commencé ses activités le 1ᵉʳ juillet 2003. Le processus de réorganisation et de transformation de l’Union des Chemins de fer vietnamiens en Société générale des Chemins de fer vietnamiens a également été celui du renouveau de l’ensemble du système de gestion interne du secteur ferroviaire, qui a simultanément élargi ses activités de production et de services multiformes, mis en œuvre la pluralité des formes de propriété et assumé une concurrence équitable dans le cadre du mécanisme de marché.

En mai 2004, l’Assemblée nationale du Vietnam a adopté la première loi sur les chemins de fer, jetant ainsi une base juridique solide pour le développement durable et la modernisation globale du secteur ferroviaire dans les étapes suivantes.

En mai 2004, l’Assemblée nationale du Vietnam a adopté la première loi sur les chemins de fer, jetant ainsi une base juridique solide pour le développement durable et la modernisation globale du secteur ferroviaire dans les étapes suivantes.

Renouveler la pensée…

Depuis ses premiers jours de formation, à travers les guerres de défense nationale comme durant le processus de construction de la paix nationale, le secteur ferroviaire s’est toujours tenu en première ligne, jouant un rôle important dans l’œuvre de développement économique et de garantie de la défense et de la sécurité nationale.

Cependant, les infrastructures ferroviaires se révèlent aujourd’hui dépassées par rapport aux progrès du rail mondial. La structure reste à un niveau faible : la voie unique représente jusqu’à 85 % du réseau ferroviaire national, avec des capacités de transport limitées, obsolètes et insuffisamment développées.

Actuellement, les rails vietnamiens conservent majoritairement un écartement étroit (1 000 mm), pratiquement abandonné dans de nombreux pays. La vitesse moyenne des trains de marchandises n’atteint que 50 à 60 km/h, tandis que les trains de passagers roulent à 80-90 km/h.

Dans les pays développés, la vitesse moyenne des trains de passagers se situe entre 150 et 200 km/h, sans compter les lignes à grande vitesse dépassant 300 km/h, voire davantage.

La part du transport ferroviaire a fortement chuté, ne représentant plus que 1 à 2 % du volume total des transports du pays. Le budget consacré aux travaux d’entretien des infrastructures ferroviaires reste inférieur aux besoins, entraînant des réparations fragmentaires et provisoires.

Ces insuffisances ont été reconnues par le gouvernement lors de la conférence-bilan des dix ans de mise en œuvre de la Conclusion 27-KL/TW du 17 septembre 2008 du Bureau politique, relative à la Stratégie de développement des transports ferroviaires vietnamiens à l’horizon 2020 et vision 2050.

Le 28 février 2023, le Bureau politique a publié la Conclusion n°49-KL/TW sur l’orientation du développement des transports ferroviaires vietnamiens à l’horizon 2030 et vision 2045. Ce document a affirmé le consensus de tout le système politique sur la position, le rôle et l’importance stratégique du transport ferroviaire.

Il y est précisé que le développement d’un réseau ferroviaire moderne et synchrone servira de moteur à une croissance socioéconomique rapide et durable. Le transport ferroviaire doit jouer un rôle central sur le corridor économique Nord – Sud, sur les principaux axes routiers Est – Ouest et pour le transport de passagers dans les grandes zones urbaines. Cela permettra de revitaliser un mode de transport aux nombreux atouts, mais longtemps resté en retard et dépassé. 

L'industrie ferroviaire vietnamienne se métamorphose pour un avenir plus compétitif.

Grâce au grand intérêt du Parti et de l'État, et face à la nécessité de moderniser ses méthodes de fonctionnement pour renforcer sa compétitivité, le secteur ferroviaire vietnamien a innové ses affaires. Au lieu de se concentrer uniquement sur ce qu’il a, il s'est tourné vers la satisfaction des besoins du marché, de la société et des citoyens.

Cette approche est considérée comme une avancée majeure, qui a généré un nouvel élan de croissance et considérablement amélioré l'image du secteur ferroviaire.

Lors d'une conférence sur les plans de production et d'affaires pour 2024 de la Société générale des Chemins de Fer du Vietnam, le Premier ministre Pham Minh Chinh a exprimé son impression face aux changements de l'industrie, tout en manifestant son souhait de la relancer et de la développer durablement, afin qu'elle soit à la hauteur de son statut de mode de transport clé. 

Le Premier ministre a souligné : « Avec les mêmes actifs, les mêmes personnes et le même cadre politique, mais avec de nouvelles méthodes et une nouvelle vision, et en changeant la gestion et l'exploitation, la qualité et l'efficacité du secteur ferroviaire ont clairement évolué. En brisant courageusement cet “iceberg” de la pensée ancienne et dépassée, ce secteur surmontera sûrement les difficultés et les obstacles qui la freinaient depuis si longtemps. » 

Dans le but d'améliorer la qualité des services et de placer les passagers au centre de ses préoccupations, le secteur ferroviaire a récemment investi dans l'installation de systèmes de traitement des déchets dans les wagons de passagers, la rénovation des quais et la construction de toits de gare à Hanoï et Ho Chi Minh-Ville, ainsi que d'un pont piétonnier surélevé à la gare de Hanoï.

La Société générale des Chemins de Fer du Vietnam a également mis en œuvre de nombreuses mesures pour améliorer les services, offrant ainsi une image plus moderne et plus fraîche du transport de passagers. En particulier, l'application de la technologie pour la vente de billets électroniques permet aux passagers d'accéder facilement aux services à tout moment et en tout lieu, avec des options de paiement flexibles et pratiques.

…des efforts afin de se développer

Grâce à cette transformation impressionnante, après trois années de pertes, la Société générale des Chemins de Fer du Vietnam a réalisé un bénéfice de près de 100 milliards de dongs en 2023. 

En 2024, malgré les lourds impacts des catastrophes naturelles et des inondations, la Compagnie générale a obtenu des résultats positifs, dépassant les prévisions tant sur le volume de passagers (7,02 millions de voyageurs, en hausse de 14,8 %) que sur le fret (5,16 millions de tonnes, en hausse de 11,2 %), pour un chiffre d’affaires total avoisinant 9,7 mille milliards de dôngs.

Entrant dans une nouvelle phase de développement, la mission du secteur ferroviaire ne se limite plus à être un simple moyen de transport, mais vise également à offrir des expériences uniques, permettant aux voyageurs de découvrir la beauté de la nature, de la culture et de l’histoire de chaque région, transformant ainsi le trajet en un voyage à la découverte du patrimoine national.

Les efforts déployés pour construire une offre de services diversifiée ont permis au secteur ferroviaire d’opérer une véritable « métamorphose » en termes d’image et de marque. À la gare de Long Biên (Hanoï), la rénovation d’une partie de la gare en « Hỏa xa café » a rapidement permis d’inscrire le lieu sur la carte touristique de la capitale. Le mouvement « Voies ferrées – Voies fleuries », avec pour slogan « Une espèce de fleur pour chaque tronçon, une destination pour chaque gare », a redonné des couleurs et une nouvelle vitalité aux lignes et aux gares marquées par le temps.

L’année écoulée, la Compagnie des chemins de fer du Vietnam a lancé une série de nouveaux produits, très appréciés des voyageurs comme des habitants. Fin mars, VNR a mis en service le train touristique de haute qualité SE19/20 (Hue - Da Nang), baptisé « Connexion des patrimoines du Centre ». Les passagers peuvent s’y arrêter pour un « check-in » au col de Hai Van - surnommé « le plus majestueux des cols », ou encore admirer le lever et le coucher de soleil sur la baie de Lang Co, l’une des plus belles baies du monde. À la mi-avril, l’entreprise a inauguré le train « Voyage de nuit à Da Lat », reliant Da Lat à Trai Mat, offrant aux passagers une nouvelle expérience pour contempler la ville de Da Lat de nuit. Il s’agit de la seule ligne ferroviaire à crémaillère du pays, destinée aux visiteurs de la ville. Le train de voyageurs SE21/22 a également été sélectionné pour une rénovation complète et mis en service sur l’itinéraire Saïgon-Da Nang. Pour la première fois, les voitures ont été modernisées avec un agrandissement des toilettes (de 1 m à 1,4 m) et un renouvellement intégral de l’aménagement intérieur. Outre les cabines à quatre couchettes, certaines voitures proposent désormais des compartiments à deux couchettes, offrant davantage d’intimité aux passagers.

Le lancement de ces trains touristiques de haute qualité s’inscrit dans une stratégie globale de développement de produits et services que le secteur ferroviaire a engagée et poursuivra dans les années à venir, afin d’apporter aux voyageurs des expériences enrichissantes sur les lignes vietnamiennes. Dès leur mise en service, ces trains ont rencontré un vif succès : le nombre de passagers a fortement augmenté, les billets se vendent rapidement et l’accueil du public comme des agences de voyages est extrêmement favorable.
Hoang Gia Khanh, directeur général de la Compagnie des chemins de fer du Vietnam

Publication : le 19 septembre 2025
Direction : Nguyen Ngoc Thanh
Organisation : Hoang Nhat
Réalisation : Nguyen Van Toan
Photos : Thanh Dat, Département du chemin de fer du Vietnam, VNA