Les villages et la culture

vietnamienne

Le village vietnamien est très important. La plupart des Vietnamiens vivent en villages, quelques villages vietnamiens forment une commune. Plusieurs communes composent un grand village. Le Vietnamien de génération en génération est attaché à son village, avec un amour spécial pour son lieu de naissance. C’est la raison pour laquelle on distingue la population originaire et la population résidente.

La culture villageoise est une composante importante de l’identité culturelle du Vietnam. On peut même dire que les mœurs et coutumes du village ont façonné une bonne part des caractéristiques des Vietnamiens.

À travers son histoire millénaire, le village vietnamien est toujours resté une unité administrative et un facteur de stabilité.
Le Vietnam puise sa force démographique dans la campagne où se concentre plus de 70 % de sa population. En tant qu’entité culturelle, le village vietnamien a, à travers l’histoire, façonné les mœurs et pratiques sociales. 

Pour les Vietnamiens, la culture de village est celle qui laisse l’empreinte la plus forte.

Caractère communautaire

Le Vietnam est un grand pays agricole, et la vie de la population dépend beaucoup des conditions naturelles. Depuis des temps immémoriaux, les villageois, dont la majorité est agriculteurs, ont dû compter sur l’entraide. C’est ce qui a façonné le caractère communautaire vietnamien.

Les villages du Vietnam préservent des traditions séculaires, notamment les relations de parenté, de voisinage, le respect des personnes âgées, l’entraide dans le travail et dans la vie quotidienne.

Les villageois sont en générale sincères, amicaux, tout disposés à partager joies et peines. Toute la communauté se fait un devoir de prendre part aux affaires du village telles qu’organiser des fêtes et préparer des offrandes au Thành hoàng làng (Génie du village), en observant rigoureusement les règlements intérieurs.

À travers son histoire millénaire, le village vietnamien est toujours resté une unité administrative et un facteur de stabilité.

Chaque village a sa maison commune (đình), située au centre du village. C’est le lieu où se tenaient traditionnellement les réunions des notables et où l’on traitait des questions administratives ou de justice intérieure. C’est aussi ici que se déroulaient les cérémonies religieuses et les moments forts de la vie des habitants.

Le đình était le lieu des affaires administratives (le conseil des notables, le conseil des administrateurs, lieu d’arrêt des mandarins en visite des villages), des activités culturelles (toutes les fêtes et cérémonies s’y tiennent) et de culte (on y pratique le culte du génie tutélaire du village). À noter que cette structure existe aujourd’hui dans les Hauts Plateaux du Centre du pays sous forme de nhà rông, espace commun de la communauté.

La maison commune est l’une des constructions les plus importantes du village. Le lieu où elle est bâtie est choisi avec soin. Car l’on pense que si elle est construite au bon endroit, les villageois auront une vie heureuse.

Construite en brique, elle possède trois entrées : une entrée centrale, monumentale, et deux entrées latérales, plus petites. Normalement, chaque village possède deux portes. La première, la principale, donne au sud-est, là où le soleil se lève et où les vents sont favorables. Elle accueille les bonnes choses, les bénédictions et les bonheurs. Quant à la seconde, elle est orientée à l’ouest, où le soleil se couche. Réservée aux convois funèbres, elle symbolise la séparation entre le monde des vivants et celui des morts.

Le puits communal du village se trouve à côté de la maison communale, c’est là où les femmes se réunissent pour laver les légumes et le riz. Le puits communal est devenu le symbole typique de la femme. À tel point que dans des cas de tensions entre deux villages, on jette un sort au puits du village adverse. Pour cela, on plante un pieu en son milieu !

Une autre caractéristique du village est la porte du village où trône souvent un banian séculaire. On se repose, on devise sous ses ombrages. L’on y prie aussi.

Le banian pluricentenaire à l’entrée du village avec au pied un petit autel continuellement enfumé de bâtonnets d’encens est un lieu sacré. C’est là où se réunissent génies ou esprits (les génies sont dans le banian, les fantômes dans le kapokier, hiboux et renards dans le ficus, dit le proverbe), si on respecte le banian, c’est parce qu’on craint le génie qui y habite. Au pied du banian, il y a souvent une petite buvette, un endroit où se reposent parfois les paysans ou les passants durant les travaux des champs. Grâce aux passants, le pied du banian est devenu une sorte de fenêtre qui permet au village de regarder vers le monde extérieur.

La rangée de bambous est une particularité importante qui fait la différence entre villages du sud et fermes fortifiées chinoises qu’entourent des remparts de terre.

Le village vietnamien a un autre symbole traditionnel : la haie de bambou. Elle entoure le village, comme un bastion inviolable. La haie de bambou devient une sorte de rempart solide, inviolable, indestructible par le feu, impossible à franchir, avec des racines qui interdisent de creuser des souterrains.

Chaque village, à côté de caractéristiques communes, a sa propre identité. Certains en ont une très forte, par exemple les « villages culturels traditionnels ». Ce terme regroupe les villages littéraires, les villages d’arts martiaux ou les villages de métier où se perpétuent des artisanats transmis de génération en génération : poterie, menuiserie, fabrication d’estampes populaires…
Quelques villages sont surnommés « terres d’étude », car beaucoup de leurs membres ont réussi de grands concours : concours mandarinaux sous le régime féodal ou concours universitaires de nos jours. Ce sont donc des villages où la tradition d’étude et d’excellence est très forte.

Chaque Vietnamien a, dans sa mémoire, une partie de sa vie liée à la maison commune, au banian et au puits. Pour les Vietnamiens à l’étranger, ces images de l’enfance heureuse nourrissent une forte nostalgie. 

Chaque village a ses conventions (hương ước, collection des règles de conduite édictées par les villageoises) et sa petite cour (Hội đồng kì mục, conseil des notables).

Les images représentatives des anciens villages vietnamiens sont la haie de bambous, la maison communale (đình), un puit ou un point d’eau (bến nước), et un grand banian (cây đa).

Tout d’abord, la haie de bambous, renforcée parfois par un remblai de terre battue et par un fossé, transforme le village qu’elle entoure en une île verte au milieu d’une mer de rizières. Elle protège les habitants contre les voleurs et autres malfaiteurs ainsi que les typhons. Elle fournit un matériau important (voire essentiel) de construction.

 Les villageois se connaissent bien en général. Aller chez un voisin pour prendre du thé et pour faire une conversation est une habitude des gens qui habitent à la campagne. On peut trouver des conseils, de la consolation et de la compréhension… S’entraider s’inscrit dans l’art de vivre.

Lorsqu’une famille a une affaire importante - marier sa fille par exemple - les gens du village viennent lui donner un coup de main pour les préparatifs, un ou deux jours avant la cérémonie formelle.

Les villages vietnamiens perpétuent leurs traditions jusqu’à aujourd’hui et s’adapte aux nouvelles conditions de vie.

Réalisation & Dessin : Nhân Dân en ligne